FV a eu le courage de tout quitter à l'âge de 20
FV a eu le courage de tout quitter à l'âge de 20 ans pour aller vers son rêve. Pour suivre son intuition. Elle a pris le risque de se tromper. Elle a accepté de suivre une initiation de dix longues années dans un pays étranger assez hostile. Elle a lâché prise et s'est faite enseigner par des maîtres sans parfois comprendre le sens de ce qu'ils lui demandaient. Avec juste cette intime conviction que ça pouvait être un chemin pour elle. Pas le seul, pas l'ultime. Une voie possible.
La transformation prend du temps. Et demande beaucoup d'énergie. Un investissement à long terme. C'est la difficulté pour moi qui suis si hâtive, si pressée d'obtenir un résultat. Et si possible sans trop d'effort. Ca ne fonctionne pas. Du temps, de la discipline, du lâcher-prise, de l'ouverture d'esprit. Voilà ce qu'il faut développer pour se construire.
Je ne veux pas tout plaquer pour aller m'exiler au fin fond de je ne sais quel pays. J'aime ma vie, celle d'ici et maintenant. Avec tout ce qu'elle m'apporte de beau et de bon. Toutes ces relations nouées qui me font grandir, qui me rendent meilleure. Cet endroit de lequel je vis, cette ville et cette maison. Que j'essaie de m'approprier pour me sentir chez moi. Pour m'ancrer dans un lieu et dans un temps.
Je veux pourtant davantage. Plus juste. Plus authentique. Plus serein.
Les doutes que je porte (et que j'entretiens, que je développe, que je rumine même) m'empêchent de m'y mettre une bonne fois pour toutes. De m'asseoir à ma table de travail. Quoi qu'il arrive, de produire des mots et des phrases et des paragraphes. Que ça soit bon ou non. Ecrire.
J'attends pourtant, dès le premier jet, de créer quelque chose de parfait. Et cette perfection attendue me paralyse. Quelle vanité! Comment pourrais-je produire un texte parfait alors que j'ai si peu d'expérience? Comment produire un texte parfait dès la première feuille? Il me faut accepter d'être en apprentissage. Que mes premières pages seront sans aucun doute mauvaises, manquant de spontanéité, empesées. Comme les premiers pas d'un enfant, maladroit, lourdaud. Mais qui avec de l'entraînement aura un pas fluide, peut-être même élégant.
